Naissance et croissance d’une moule de bouchot
Les femelles pondent chacune 1 million d'oeufs
Ces jeunes moules, grâce à leur byssus le filament gris que l’on arrache lorsque l’on nettoie les moules, s'accrochent ensuite, dès que possible, à tout ce qu'elles trouvent à leur portée: coque de bateau, bouée, roche, cordes et cordages.
C'est cette capacité à s'accrocher qui permet d'en faire l'élevage…
Les « boucholeurs » posent au printemps des cordes dans l'eau afin de capter les jeunes larves.
Elles viennent s'y accrocher et forment un naissin.
Ces cordes sont ensuite enroulées en spirales dans des bouchots d'engraissage, supports en bois protégés par des gaines en matière plastique où les petites moules appelées renouvelaires seront nourries à l’abri des crabes.
Cette première étape dure de six à huit mois.
De longs manchons, ou pelisses, sont alors couverts de jeunes moules.
Il est d’usage de capter les moules sur les pieux les plus au large et de les transporter ensuite pour l’élevage sur ceux plus près des côtes.
C’est à l’automne que s’effectue le boudinage.
Les pelisses, glissées dans des tubes à grosses mailles en coton ou en nylon, dits boudins, sont déplacées vers les longues rangées de pieux des bouchots.
Cette seconde étape dure de douze à dix-huit mois, délai nécessaire pour que les moules atteignent leur taille adulte.
Elles seront alors récoltées à la main, mais le plus souvent à la machine par les boucholeurs.
La taille légale d'une moule bonne à commercialiser est de 40mm et elle est âgée de 14 à 18 mois.
Le taux de chair est de 30 % pour une bonne moule de bouchot (20 % pour une moule d’Espagne).
Selon le cahier des charges officiel du Comité National de la Conchyliculture, « les moules de bouchot sont obtenues exclusivement à partir de naissains d’origine française, de l’espèce Mytilus Edulis la plus répandue ou Mytilus Galloprovincialis
plus grosse que la précédente, par l’élevage sur des pieux verticaux appelés bouchots situés exclusivement sur les sites maritimes conchylicoles des circonscriptions territoriales des Sections Régionales Conchylicoles (SRC) de Normandie-Mer du Nord, Bretagne Nord, Bretagne Sud, Ré-Centre Ouest, Marennes Oléron et Arcachon-Aquitaine.
Ces pieux de chêne d'une hauteur de 4 à 6 mètres, sont enfoncés à moitié dans la mer et plantés en linéaires de 50 à 100 mètres.
Une situation précaire pour la myciliculture française.
Les principales zones de production sont donc respectivement le Nord, la Normandie et la Bretagne qui totalisent plus de la moitié de la production nationale, puis l’ouest et enfin la Méditerranée essentiellement des moules galloprovincialis, comme celles de Bouzigues.
La baie du Mont Saint-Michel et la baie de l'Aiguillon, en Charente-Maritime, constituent les deux plus grands centres de production mytilicole.
Au total, plus de 1600 kilomètres de bouchots, soit 4200 hectares exploités par moins de 1400 entreprises conchylicoles.
Au premier rang mondial, toutes moules confondues, on retrouve, comme souvent, la Chine !
Les principaux pays producteurs en Europe sont l’Espagne 250 000 tonnes, l’Italie 94 000 tonnes, le Danemark 90 000 tonnes et les Pays-Bas 60 000 tonnes.
La production française représente 11% de la production européenne de moules de pêche et d’élevage.
Entre 60 000 et 70 000 tonnes de moules 56 000 en 2003 sont produites et vendues en France, surtout des moules edulis de bouchot 90% de la production nationale.
Les principales zones Ouest-Nord et périodes juillet à octobre de consommation correspondent à celles de production.
Nous consommons en France 100 000 tonnes de moules par an 20% dans le commerce de détail traditionnel, dont la moitié vient de Hollande et d'Espagne produits de moindre qualité mais généralement moins onéreux.
La production française de moules n’est donc pas suffisante pour satisfaire les besoins des consommateurs, les importations font naître un déficit extérieur estimé à environ 60 millions d’euros.
De janvier à mai, les importations proviennent surtout du Royaume-Uni, d’Irlande et des Pays-bas afin de compléter l’offre française peu abondante à cette période.
Mais même en période de forte production nationale, il y a des flux d’importation de produits spécifiques comme les moules de grande taille d’Espagne ou les sachets de moules prêtes à cuire des Pays-Bas
Piégée par une réglementation européenne, tantôt trop laxiste, tantôt drastique à l’extrême, étouffée par la rude concurrence de ses voisins européens, la mytiliculture nationale tente de survivre comme tente de se maintenir à flot l’ensemble de la pêche française.
Hélas, pour combien de temps encore ?